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Chronologie

Dec. 2015

1984

1997

2012

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2020

2021

1971-2014
Féminisation
 
2015-2017
Explosion de la controverse
2017 à nos jours
Expérimentations autour
du genre
Ancre 11

Après une décennie de prise de conscience sur le sexisme dans la langue, notamment les langues genrées telles que le français, en 1984 est créée en France la Commission de terminologie relative au vocabulaire concernant les activités des femmes pour la féminisation des noms de métiers, de grades et de fonctions à l’initiative d’Yvette Roudy, à l’époque ministre des Droits de la femme. Elle est présidée par Benoîte Groult, écrivaine, journaliste, professeure de lettres et militante féministe. Le but est notamment d’« apporter une légitimation des fonctions sociales et des professions exercées par les femmes ». En réaction, l’Académie française déplore le fait de ne pas avoir été consultée et critique les allégations sur le sexisme du langage, critique qui se répercute de la part du gouvernement en 1997, lorsque les ministres Élisabeth Guigou, Martine Aubry, Ségolène Royal, Catherine Trautmann et Dominique Voynet demandent à être nommées au féminin. Ce n’est qu’en 1999 que, suite au rapport de la Commission générale de terminologie et de néologie qui démontre que l’« On n’est pas sa fonction : on l’occupe », Lionel Jospin publie une nouvelle circulaire relative à la féminisation des noms de métier, fonction, grade ou titre. Et, il faudra attendre 2012 pour qu’une circulaire annonce la suppression du terme “mademoiselle” dans les formulaires de l’administration française.

L’attention des médias (traditionnels et sociaux) commence à être mobilisée autour de la question
de l’écriture inclusive en 2015, lorsque le Haut Conseil à l’Egalité, (HCE) invite à l’usage de l’écriture
inclusive et épicène dans les politiques publiques. La même année, Alpheratz, qui enseigne la
sémiotique et la linguistique à l’Université de la Sorbonne, publie son roman Requiem dans lequel le
pronom de genre neutre “al” est largement utilisé. En 2016, deux publications importantes ont eu
lieu. Le HCE tout d’abord avec un guide pratique de dix recommandations pour une communication
publique sans stéréotype de sexe
. Puis, l’Agence de communication Mots-Clés fondée et dirigée par
Raphaël Haddad avec le Manuel d’écriture inclusive et dépose également le nom
“écriture inclusive” à l’INPI dans une démarche stratégique. Cette même année, la docteure en
sciences du langage Julie Abbou publie l’article « Le genre linguistique, une catégorie sémiotique.
Propositions pour une approche herméneutique du genre en langue ». Il s’agit d’une exploration des
intersections théoriques possibles entre études de genre et linguistique qui permettent de penser la
triple nature linguistique, sémiotique et sociale de la catégorie de genre.

Depuis 2017, la controverse au sujet de l'écriture inclusive semble être entrée dans une nouvelle période.

Celle-ci est, avant tout, caractérisée par la multiplication des expérimentations concernant le genre dans la langue. À titre d'illustration, en 2018, Alpheratz développe un lexique du genre neutre et publie la Grammaire du français inclusif.

Autre élément intéressant à mettre en avant : en 2018,  la collective de designers Bye Bye Binary s’emploie à expérimenter et à proposer de nouveaux caractères typographiques afin d'écrire de façon non-binaire, d'exprimer le genre autrement.

En 2020, un étudiant en design graphique, Tristan Bartolini, crée une systématique typographique intitulée L’inclusifve

Ainsi, depuis 2017, les initiatives visant à établir de nouveaux moyens afin de transcrire le genre dans la langue se multiplient.

En dehors de ces expérimentations, d'autres évènements ont d'ores et déjà marqués cette nouvelle période. On peut évoquer le rapport datant de 2019 de l'Académie française qui admet l'usage consistant à féminiser les noms de métiers et de fonctions.

Plus récemment, le gouvernement de Jean Castex a multiplié les initiatives visant à limiter l'usage de l'écriture inclusive avec notamment la circulaire du ministre de l'éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, qui proscrit l'usage de l'écriture inclusive à l'école.

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Féminisation
Féminisation
années 1970-2014

En 1971 aux États-Unis apparaissent formellement des revendications sur le langage à travers la publication du premier magazine commercial féministe par Gloria Steinem, journaliste et essayiste, et Dorothy Pitman Hughes, avocate, toutes deux militantes et activistes. Le nom du magazine est « Ms. », et il conteste les vocables dénominatifs relatifs au statut des femmes « Miss » ou « Mrs » qu’elles revendiquent intrinsèquement liés au statut marital et porteurs de stéréotypes. Cette même année 1971, Casey Miller et Kate Swift publient Desexing the English language dans le magazine Ms. L’essai illustre les préjugés implicites de l’anglais parlé et écrit, soulignant l’emploi d’expressions communes qui selon eux invisibilisent les femmes. 

 

En 1978, Marina Yaguello, linguiste et professeure émérite, écrit Les Mots et les Femmes. Il s’agit du premier essai de socio-linguistique français sur les caractéristiques linguistiques sexistes. Elle y expose les ressorts du refus ou rebuts de la féminisation des mots comme étant le fait d’une habitude idéologique qui ancre la différenciation des statuts en fonction des genres. En 1978 également, l’Office québécois de la langue française encourage la rédaction épicène à travers la publication du Rapport Pour les Québécoises : égalité et indépendance et statue sur la féminisation des noms et métiers. En 1980, les Américains Casey Miller et Kate Swift publient le premier Manuel de l’écriture non sexiste anglais.

En 1984, est créée en France la Commission de terminologie relative au vocabulaire concernant les activités des femmes pour la féminisation des noms de métiers, de grades et de fonctions à l’initiative d’Yvette Roudy, à l’époque ministre des Droits de la femme. Elle est présidée par Benoîte Groult, écrivaine, journaliste, professeure de lettres et militante féministe. Le but est notamment d’« apporter une légitimation des fonctions sociales et des professions exercées par les femmes ».

En réaction, l’Académie française déplore le fait de ne pas avoir été consultée et critique les allégations sur le sexisme du langage qui « procède d’un contresens sur la notion de genre grammatical ». Pour l’institution, le genre masculin vaut pour neutre et la féminisation des noms et métiers revient à instituer entre les sexes une « ségrégation » non pertinente.

 

En 1986, l’Office québécois de la langue française publie Titres et fonctions au féminin : essai d’orientation de l’usage et en 1991 Au féminin. Guide de féminisation des titres de fonction et des textes. 

 

En 1997 les ministres Élisabeth Guigou, Martine Aubry, Ségolène Royal, Catherine Trautmann et Dominique Voynet demandent à être nommées au féminin. Cependant, elles rencontrent l’opposition du gouvernement avec l’argument suivant : faire mention du sexe de l’auteur (en tant que Directrice par exemple) biaiserait la validité des textes soumis (des décrets ou arrêtés) et il serait préférable, selon eux, de désigner l’auteur uniquement par sa fonction, elle, spécifiquement et génériquement masculine.

 

En 1998, Josette Rey-Debove, linguiste, lexicographe et sémiologue, publie une tribune du Monde intitulée « Madame “la” ministre » et conteste les arguments politiques et académiques. 

 

En 1999, suite au rapport de la Commission générale de terminologie et de néologie qui démontre que l’« On n’est pas sa fonction : on l’occupe. », Lionel Jospin publie une nouvelle circulaire relative à la féminisation des noms de métier, fonction, grade ou titre. Ainsi, en 1999, est publié Femme, J’écris ton nom… Guide d’aide à la féminisation des noms de métiers, titres, grades et fonctions par L’Institut National de la Langue française (INaLF) et les linguistes et auteurs : Annie Becquer, Bernard Cerquiglini, Nicole Cholewka, Martine Coutier, Josette Frécher et Marie-Thérèse Mathieu. Ce guide explique les règles de féminisation et leurs rôles, retrace les arguments qui s’y opposent et les explique.

Enfin, en 1999, Thérèse Moreau, écrivaine, féministe, enseignante et grammairienne publie Le nouveau dictionnaire féminin-masculin des professions, des titres, et des fonctions. 

 

En 2005, paraît en Fédération Wallonie-Bruxelles la seconde édition de Mettre au féminin. Guide de féminisation des noms de métier, fonction, grade ou titre. Cette même année, Louise-Laurence Larivière, docteure en linguistique à Montréal, publie le Guide de féminisation des noms communs de personnes. 

 

En 2012, une circulaire annonce la suppression du terme “mademoiselle” dans les formulaires de l’administration française. 

En 2013, le psycholinguiste Pascal Gygax publie La représentation mentale du genre pendant la lecture: état actuel de la recherche francophone en psycholinguistique, un article académique où il présente les recherches sur l’intégration du genre dans la représentation mentale d’une lectrice ou d’un lecteur. L’article a également pour but de souligner les retombées sociales éventuelles, principalement au travers de l’identification de processus langagiers discriminants.

En 2014, Éliane Viennot publie Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin et retrace trois siècles de débats sur la grammaire et de résistances sociales autour de la règle de la prévalence du masculin.

Au regard du nombre de guides et de manuels parus ainsi que des mobilisations publiques en faveur de la féminisation des noms de métiers, grades, titres et fonctions, nous estimons que cet aspect du langage inclusif n’est plus un point qui fait controverse et son usage semble acquis par la majorité. Il s’agit alors d’une norme entrée dans l’usage. Pour autant, d’autres points d’entrée du sujet ne font pas consensus et la chronologie se poursuit autour de la définition du langage inclusif, ses objectifs, ses manifestations, ses usages et ses champs d’application. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Explosion de la controverse
2015-2017
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« les problèmes que nous rencontrons avec le « sexisme de la langue française » ne relèvent pas de la langue elle-même, mais des interventions effectuées sur elle depuis le XVIIème siècle par des intellectuels et des institutions qui s’opposaient à l’égalité des sexes. »

 

Éliane Viennot, « Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin », 2014

Ms.
Desexing
Les mots et les femmes
Rapport quebec
premier manuel
commission term
1986
1997
1999
1991
1998
2005
2012
2013
2014
Ancre 1
Explosion de la controverse

En 2015, le Haut Conseil à l’Egalité, (HCE) invite à l’usage de l’écriture inclusive et épicène dans les politiques publiques. Cette même année, Le livre Ne suis-je pas une femme de bell hooks, écrit en 1981, est traduit par Olga Potot en français en utilisant l’écriture inclusive (point médian), et paraît aux éditions Cambourakis.
Enfin, toujours en 2015, Alpheratz, qui enseigne la sémiotique et la linguistique à l’Université de la Sorbonne, publie son roman Requiem dans lequel le pronom de genre neutre “al” est largement utilisé.

 

En 2016, deux publications importantes ont eu lieu. Le HCE tout d’abord avec un guide pratique de 10 recommandations pour une communication publique sans stéréotype de sexe. Puis, l’Agence de communication Mots-Clés fondée et dirigée par Texte exemple / Raphaël Haddad avec le Manuel d’écriture inclusive et dépose également le nom “écriture inclusive” à l’INPI dans une démarche stratégique. 

Cette même année, la docteure en sciences du langage Julie Abbou publie l’article  Le genre linguistique, une catégorie sémiotique. Propositions pour une approche herméneutique du genre en langue. Il s’agit d’une exploration des intersections théoriques possibles entre études de genre et linguistique qui permettent de penser la triple nature linguistique, sémiotique et sociale de la catégorie de genre

 

En 2017, Les éditions Hatier publient le premier manuel scolaire qui fait usage de l’écriture inclusive :  Magellan et Galilée. Questionner le monde publié pour le niveau CE2. On peut y lire, par exemple :  « Grâce aux agriculteur.rice.s, aux artisan.e.s et aux commerçant.e.s, la Gaule était un pays riche. »

Ancre 3
Ancre 2
Ancre 4
Expérimentations autour du genre
Expérimentations autour du genre
2017 à nos jours
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Ancre 7
Ancre 8
Ancre 9

En 2018, publication du guide du langage féminisé et épicène Les mots de l’égalité, par l’université de Lausanne, sous la direction de Pascal Gygax. Cette même année, Alpheratz développe un lexique de genre neutre et conceptualise le français inclusif dans la Grammaire du français inclusif

Enfin, le terme d’ « écriture inclusive » entre dans le dictionnaire Le Robert et y est défini comme “l’ensemble des attentions graphiques et syntaxiques permettant d’assurer une égalité des représentations entre les hommes et les femmes.” 

 

En 2019, l’Académie Française publie un rapport intitulé La féminisation des noms de métiers et de fonctions dans lequel elle admet cet usage. 

En 2019, L’Association Handicap APHPP s’oppose à l’écriture inclusive en déclarant qu’elle discrimine nombre de personnes en situation de handicap en leurs rendant les textes inaccessibles. 

 

En 2018, la collective de designers Bye Bye Binary s’emploie à expérimenter et à proposer de nouveaux caractères typographiques afin d'écrire de façon non-binaire, d'exprimer le genre autrement.

En 2020, un étudiant en design graphique, Tristan Bartolini, crée une systématique typographique intitulée L’inclusifve

En 2020 également, l’association féministe Osez le féminisme organise un Webinar intitulé Ecriture inclusive et histoire du langage. Pour une démasculinisation de la langue française avec Eliane Viennot

Enfin, paraît cette année-là une tribune dans Marianne cosignée par 32 linguistes et notamment co-écrite par François Rastier qui qualifie l’’écriture inclusive d’écriture excluante. 

 

En 2021,  Laélia Véron reçoit Pascal Gygax et Julie Abbou dans deux épisodes du Podcast Parler comme jamais (Binge Audio), dédiés à l'écriture inclusive et à la démasculinisation du français. 

Sur la scène politique, le député LREM François Jolivet dépose à l’Assemblée nationale, en 2021, une proposition de loi portant sur l’interdiction de l’usage de l’écriture inclusive pour les personnes morales en charge d’une mission de service public.

Cette année-là, est, aussi, annoncée la parution prochaine d’un nouveau guide pensé par le HCE, Éliane Viennot et Raphaël Haddad

De plus, Éliane Viennot publie une tribune le 2 avril 2021 au sein du journal Le Monde dénonçant les initiatives du gouvernements visant à interdire l'usage de l'écriture inclusive au sein des documents administratifs.

Quelques jours plus tard, le 19 avril 2021, c'est le linguiste Bernard Cerquiglini qui publie à son tour une tribune, toujours dans le journal Le Monde, dans laquelle il dénonce le caractère excluant de l'écriture inclusive.

Par ailleurs, le 6 mai 2021, le ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, publie une circulaire qui proscrit l'utilisation de l'écriture inclusive à l'école.

Ancre 10

Image : Tristan Bartolini, « L’inclusifve », 2020.

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