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début édito

« Art. L. 100‑4. – Dans les documents administratifs, l’usage de l’écriture dite inclusive, qui désigne les pratiques rédactionnelles et typographiques visant à substituer à l’emploi

du masculin, lorsqu’il est utilisé dans un sens générique, une graphie faisant ressortir l’existence d’une forme féminine, est interdit. »

Proposition de loi de François Jolivet, député LREM à l’Assemblée Nationale, février 2021.

         En février 2021, le député de La République en Marche François Jolivet dépose une proposition de loi visant à interdire l’usage de l’écriture inclusive au sein des documents administratifs. Avant lui, d’autres dirigeants politiques ont souhaité légiférer sur le sujet. Ce fut le cas en 1998 avec l’établissement d’une circulaire imposant la féminisation des noms de métiers, titres, grades et fonctions au sein, déjà, des documents administratifs.

 

         La notion d’écriture inclusive n’est véritablement devenue un sujet de débat public qu’en 2015 et ne tarde pas à être qualifiée par les membres de l’Académie française de « péril mortel » donnant naissance selon eux à « une langue désunie, disparate dans son expression ». Malgré le fait que des pratiques telles que la féminisation des noms de métiers, de fonctions et des titres fassent aujourd’hui dans l’ensemble, consensus, nombreux sont ceux suscitant toujours le désaccord. 

 

       Également nommée écriture épicène en Suisse et au Québec, l’expression écriture inclusive a été intégrée dans le dictionnaire Le Robert en 2018. Elle y est définie comme « l’ensemble des attentions graphiques et syntaxiques permettant d’assurer une égalité des représentations entre les hommes et les femmes ». L’idée fait ainsi l’objet de polémiques médiatiques accompagnées de nombreux débats au sein des milieux universitaires et littéraires notamment. Elle suscite la discorde, pouvant être perçue tout autant comme un moyen de pallier une certaine invisibilisation des femmes dans la langue et, par extension dans la sphère sociale, comme un dévoiement de la langue française.

« Ensemble des attentions graphiques et syntaxiques permettant d’assurer une égalité des représentations entre les hommes et les

femmes »

« Chirurgiens et chirurgiennes »,

« Les agriculteurs·trice·s »,

« Cheminoz »

         Ces expressions renvoient aux différentes formes que peut prendre l’écriture inclusive. En général, la double flexion consiste à décliner un nom à la fois au masculin et au féminin afin de désigner un groupe de personnes. Ont aussi été établies des formes neutres des noms existants, afin de ne devoir faire appel ni au masculin ni au féminin. On peut également évoquer le point médian : un point placé au-dessus de la ligne de base qui permet d’écrire un terme à la fois sous sa forme masculine, féminine et plurielle. C’est d’ailleurs autour de ce dernier que le débat médiatique s’est concentré. Afin de déterminer où se joue réellement la controverse entourant la notion d’écriture inclusive, il est nécessaire de comprendre et de mettre en relation tout un champ de termes et pratiques, allant de la linguistique à la didactique en passant par la psycholinguistique et la typographie. 

 

         Pour certains, le langage inclusif est perçu comme un outil de lutte pour agir sur les inégalités de genre et le sexisme ; pour d’autres, il suscite la crainte, la colère et le doute quant à sa pertinence et son emploi. La croissance de travaux de recherche et la multiplication de guides de recommandations semblent indiquer une volonté, ou si ce n’est une demande, de stabilisation des usages et pratiques de l’écriture inclusive. 

 

         Les questions qui se posent dans le cadre de cette controverse sont nombreuses : dans quelle mesure la langue a-t-elle une influence sur les représentations de genre ? Comment inclure les genres féminins et masculins dans de mêmes proportions lorsque les règles grammaticales admettent la prédominance du genre masculin sur le féminin ? À moins qu’il faille envisager cette inclusivité comme une neutralité hors du binarisme grammatical ? 

 

        Ces interrogations nous amènent à nous pencher sur les travaux d’acteurs variés tels que ceux des sociologues, des grammairiens, ou encore des linguistes dont les savoirs spécialisés divergent. Si l’ensemble de ces acteurs s’accordent sur le fait que la langue n’obéit qu’à une seule loi celle de l’usage, le doute subsiste quant aux questions suivantes : qui fait autorité lorsqu’il s’agit de réglementer les usages de la langue française et qui se mobilise pour les influencer ? 

 

     Cette enquête n’a pas pour objectif de déterminer si le développement de l’usage de l’écriture inclusive est souhaitable ou non, mais d’approfondir la complexité de la controverse existante en mettant en lumière les différents enjeux que soulève l’écriture inclusive, ce que ne donne pas à voir la polémique médiatique. Ici, c’est bien l’usage qui est au centre de la problématique : qui fait la langue ? Qui la façonne ? Quel impact a-t-elle réellement sur la société ?

Pour certains, le langage inclusif est perçu comme un outil de lutte pour agir sur les inégalités de genre et le sexisme ; pour d’autres il suscite la crainte, la colère et le doute quant à sa pertinence et son emploi.

Que fait la langue ? ​

Les  effets de la langue sur les représentations mentales et sociales

Quelles inclusivités ?

Les définitions, les dimensions

et les enjeux de la démarche inclusive 

Qui fait la langue ? ​

Les autorités et les savoirs spécialisés influencent-ils l'usage

et les pratiques de la langue ?

Les différentes façons d'écrire en inclusif

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