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Éliane Viennot

Éliane Viennot, née à Lyon en 1951, est historienne de la littérature et critique littéraire. De façon plus spécifique, elle est professeure émérite de littérature française de la Renaissance à l’université Jean-Monnet-saint-Étienne. Elle est agrégée de lettres modernes. Elle a étudié à l’université Sorbonne-Nouvelle où elle obtiendra son doctorat en 1991. Elle a depuis enseigné la littérature au sein de diverses institutions telles que dans le cadre des universités de Washington, de Corse, ou encore, de Nantes. Éliane Viennot est spécialiste de Marguerite de Valois. À son sujet, elle a produit deux éditions critiques, la première portant sur la correspondance de Marguerite de Valois (cf : Marguerite de Valois, Correspondance, 1569-1614 • Edition critique établie par Éliane Viennot. Paris : Honoré Champion), et, la seconde sur ses Mémoires (cf : Marguerite de Valois, Mémoires et autres écrits, 1574-1614Edition critique établie par Éliane Viennot. Paris : Honoré Champion). Elle a aussi écrit une biographie de la « reine Margot » intitulée Marguerite de Valois. Histoire d’une femme, histoire d’un mythe (Paris : Payot, 1993). De façon plus générale, les travaux d’Éliane Viennot portent principalement sur les relations de pouvoir entre les sexes.

“Depuis le XVIIe siècle, les grammairiens ont masculinisé délibérément la langue. Ils ont condamné des noms féminins et inventé des règles comme «le masculin l'emporte sur le féminin». Or, avant, on ne connaissait pas ce dogme. On accordait les noms avec les adjectifs en fonction de leur place dans la phrase ou en fonction de l'importance des termes. On écrivait par exemple: «On peut aller voir les coteaux et les montagnes voisines» et non pas comme maintenant «les coteaux et les montagnes voisins».”

 

Éliane Viennot, dans un entretien publié le 19 novembre 2018,

dans Le Figaro.

Liens avec notre enquête
Personnes associées

HCE, Julie Abbou, Raphaël Haddad

Liens avec notre enquête

Sur le sujet de l’écriture inclusive, Éliane Viennot a écrit un nombre substantiel d’ouvrages. Elle est, par ailleurs, engagée sur le sujet.

Il est important de préciser qu’Éliane Viennot est une militante féministe et ce depuis les années 1970. Elle s'est engagée, en particulier, en faveur de la parité et du droit à l'avortement. Elle a, aussi, plaidé en faveur de l'institutionnalisation des études de genre. De ce fait, elle est engagée en faveur de l’écriture inclusive. Ceci dit, il est essentiel d’ajouter que l’écriture inclusive ne correspond pas au sujet de recherche principal d’Éliane Viennot.

La thèse d’Éliane Viennot au sujet de l’écriture inclusive correspond au fait que la langue française a été masculinisée. De ce fait, l’écriture inclusive ne permettrait pas tant de féminiser la langue française mais plutôt de mettre un terme à sa masculanisation. Selon elle, originellement, le français distribuait de façon tout à fait naturelle les masculins et les féminins en fonction des sexes dans ce qui relève des êtres animés. Depuis le XVIIème siècle, la langue française aurait été victime de diverses interventions qui auraient conduit à dénaturer notre langue et donc à la masculiniser. Selon Éliane Viennot, ces interventions ont de tous temps suscité les protestations des locuteurs et locutrices du français. En réalité, l’invention de l’imprimerie, la création de l’Académie française, la féminisation de la cour, le fait qu’il y ait deux nouvelles régentes à la tête de la France au début du XVIIème siècle, et le succès des écrivaines depuis les années 1630, ont poussé des hommes à rendre le féminin moins présent dans la langue et ainsi renforcer le masculin. Les grammairiens, Claude Favre de Vaugelas, et, Scipion Dupleix, mais aussi,  Dominique Bouhours auraient largement participé à cette masculinisation de la langue et ce de deux façons. Tout d’abord en poussant à l’abandon de l’usage du féminin pour un certain de nombre de profession, en particulier, celles perçues comme étant élitistes (par exemple, ils souhaitais parler d’auteurs et non d’autrices), mais aussi, en mettant fin à l’accord de proximité. Afin de mieux illustrer son propos, Éliane Viennot rapporte les propos de Dominique Bouhours qui affirmait en 1675 : « Lorsque les deux genres se rencontrent, il faut que le plus noble (le masculin) l’emporte. ». Elle cite, également, Nicolas Beauzée qui, en 1767, affirmait : « Le genre masculin est réputé plus noble que le féminin à cause de la supériorité du mâle sur la femelle. ». Éliane Viennot a montré qu’en réalité avant le XVIIème siècle, et les différentes modifications apportées à la langue française, on féminisait bien les noms des professions (ex : une autrice, une philosophesse etc.) et on usait bien l’accord de proximité. Pour preuve, au début du XVIIème siècle, Charles Maupas, dans son ouvrage intitulé Grammaire françoise, contenant reigles très certaines (1607) affirmait :

 

 

Pour le cas de l’accord de proximité, Éliane Viennot s’appuie, notamment, sur ce vers écrit par Jean Racine pour sa tragédie Iphigénie (1674) :

 

 

Par ailleurs, Éliane Viennot considère que “C'est l'école primaire publique qui à la fin du XIXe siècle a rendu obligatoire ces règles inventées aux XVIIe et XVIIIe siècles.”. 

 

Ainsi, en résumé, Éliane Viennot considère qu’un changement historique et artificiel de la langue a été effectué afin d'asseoir la domination systémique des hommes sur les femmes. Elle ne qualifie pas la langue française de sexiste, elle préfère les adjectifs « misogyne » et « genrée ». À ce titre, elle prône non pas la féminisation de la langue française mais davantage sa démasculinisation.

« Tout nom concernant office d’homme est de genre masculin, et tout nom concernant la femme est féminin, de quelque terminaison qu’ils soient. ».

« Mais le fer, le bandeau, la flamme est toute prête. »

« Toute personne, toute institution qui se dit partisane de l’égalité entre les humains devrait mener une réflexion sur son langage, et s’attacher à le débarrasser du sexisme qu’il véhicule, de même que de tout type d’expressions dénigrantes. »

Le XVIIème siècle aurait contribuer à la masculinisation de la langue

Démasculiniser la langue, une nécessité

Ressources 
Ressources

Develey, Alice. « Éliane Viennot : “La langue française n’est pas misogyne. » Le Figaro. 19 novembre 2018. 

Nave-Bekhti, Catherine. Écriture inclusive : entretien avec Éliane Viennot. Fédération Sgen-CFDT. Portail Sgen-Cfdt.fr. 11 février 2019. 

Site web d’Éliane Viennot.

 

Site web de la Société Internationale pour l’Étude des Femmes de l’Ancien Régime (SIEFAR).

Viennot, Éliane. Conférence. Agora Des Savoirs de Montpellier. 26 novembre 2014.

Viennot, Éliane. Conférence. Université Paris-Est Marne-La-Vallée. 26 novembre 2014.

Viennot, Éliane. « L’écriture inclusive, une nouveauté ? », Blog Carnets de Terrain, Terrains, revue d’anthropologie et de sciences humaines. 2018. 

Viennot, Éliane. Le langage inclusif  : pourquoi, comment. Petit précis historique et pratique. Éditions IXE. 2018. 144 pages. (xx - y - z). 

Viennot, Éliane. L’Académie contre la langue française. Éditions IXE. 2016. 224 pages. (xx - y - z).

Viennot, Éliane. Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin ! Petite histoire des résistances de la langue française. Donnemarie-Dontilly : Éditions IXE. 2014. 128 pages.

Viennot, Éliane. Candea, Maria. Chevalier, Yannick. Duverger, Sylvia. Houdebine, Anne-Marie. L'Académie contre la langue française. Le dossier « féminisation ». Paris : Éditions iXe. 2016.

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