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Bernard Cerquiglini

Bernard Cerquiglini est un linguiste français, docteur en lettres et professeur émérite de linguistique à l’Université de Paris. Il a été directeur des écoles au ministère français de l'Éducation Nationale de 1985 à 1987, directeur de l’Institut national de la langue française, ainsi que vice-président du Conseil supérieur de la langue française. Il fut recteur de l’Agence universitaire de la Francophonie de 2007 à 2015, président de l’observatoire de la lecture de 2001 à 2004, ainsi que délégué général de la langue française et aux langues de France de 1989 à 1993 et de 2001 à 2004.


Bernard Cerquiglini est également membre de l’Oulipo, Ouvroir de littérature potentielle, un groupe littéraire qui expérimente autour de la langue, grâce à la contrainte, pousse à la recherche de solutions nouvelles.

« L’écriture “inclusive” est déparée des imperfections que l’on sait. Cette typographie (parenthèses, points médians, etc.) est incompréhensible, illisible, imprononçable, difficilement enseignable ; risquant d’être socialement excluante, elle rompt avec le courant progressiste qui, depuis le XVIe siècle, milite en faveur d’une lisibilité démocratique de l’écrit, notamment par une simplification de l’orthographe. Ajoutons qu’au rebours de la féminisation des noms de métier elle repose sur une ignorance de la langue et sur sa corruption. Que présuppose l’écriture “inclusive” ? D’une part que la catégorie grammaticale du masculin renvoie toujours au genre, voire au sexe masculin et qu’il faut donc s’en défier : cet anthropomorphisme est factuellement erroné. »

Extrait de la tribune écrite par Bernard Cerquiglini,

« L’écriture “inclusive”, empreinte d’une louable intention, est une fâcheuse erreur ». Le Monde. 19 avril 2021.

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Bernard Cerquiglini encourage la féminisation de la langue française :

« La féminisation est naturelle dans la langue [...] C’est conforme à l’histoire de la langue, à son génie propre (on a la morphologie pour cela), c’est socialement tout à fait juste. C’est un changement linguistique qui s’est fait de manière tout à fait aisé au Québec, en Belgique, en Suisse. [...] En France, l’institution chargée du magistère de la langue a freiné pendant une trentaine d’années [la féminisation de la langue] ».

 

Extrait de l’interview de Bernard Cerquiglini : « “Le Ministre est enceinte”. Bernard Cerquiglini et la grande querelle de la féminisation des noms ». La Grande Librairie. 25 octobre 2018. 

Dans une interview pour la Grande Librairie, « “Le Ministre est enceinte”. Bernard Cerquiglini et la grande querelle de la féminisation des noms », le 25 octobre 2018, il dit que : « Dire “un auteur” pour une femme, c’est nier sa féminité ».

Dans Le ministre est enceinte. Ou la grande querelle de la féminisation des mots, Bernard Cerquiglini montre l’attachement des Français à leur langue : « Il en est ainsi : l’attachement à la langue française est si fort et communément partagé que toute innovation langagière est incommode ».

Bernard Cerquiglini montre également que la langue française est lié au pouvoir politique :

« Car la répulsion pour la néologie, le dépit dû à ce qui paraît une désinvolture francophone, la condescendance envers les femmes, la connivence acrimonieuse des mâles ne pourraient seuls justifier un tel entêtement. Nous sommes en France, où la langue tient du pouvoir, lequel ne se partage pas. Le Premier Ministre (avec l'accord du chef de l'Etat) était certes fondé à adopter, pour son administration, une néologie linguistique favorable à l'identité féminine ; l'Académie avait le droit de réprouver toute néologie. Nous sommes en France, où l'Etat prodigue charges et fonctions, protège une langue qui tout à la fois l'énonce et l'illustre. [...] On ne pouvait guère lier davantage l'action publique et l'innovation lexicale ; on ne pouvait affirmer autrement un dessin politique de stimuler la langue. »

Extrait de Le Ministre est enceinte. Ou la grande querelle de la féminisation des mots, 2018.

Le linguiste prône aussi une certaine liberté, dans le choix des mots féminisés employés, à partir du moment où ils sont syntaxiquement et morphologiquement juste. De plus, le masculin n’est pas, selon lui, neutre :

« Il faut être un peu libéral avec les variantes, dans le temps et dans l’espace. L’important, c’est “une”, parce que c’est une “femme”. [...] L’important, c’est de féminiser. On ne peut pas accepter cette théorie des puristes selon laquelle “le masculin l’emporte”, “le masculin est neutre”. C’est faux ».

 

Extrait de l’interview de Bernard Cerquiglini : « “Le Ministre est enceinte”. Bernard Cerquiglini et la grande querelle de la féminisation des noms ». La Grande Librairie. 25 octobre 2018.

Cependant, concernant l’écriture inclusive, Bernard Cerquiglini n’est pas favorable à son application. Il exprime son positionnement notamment dans sa tribune « L’écriture “inclusive”, empreinte d’une louable intention, est une fâcheuse erreur », publiée dans Le Monde, le 19 avril 2021. Il fait notamment une différenciation entre la féminisation, qui concerne une personne singulière, et un groupe de personne, dont il ne serait pas nécessaire de préciser le sexe :

« Cette lutte féministe avait servi et illustré la langue française. Tout autre est la question du pluriel. Quand un groupe humain est fait de femmes et d’hommes, il n’est point nécessaire, en général, d’en signaler la composition sexuelle : « Les Hollandais surveillent leurs digues » vaut pour toutes les personnes habitant les Pays-Bas. Dans ce cas, expliciter la mixité est inutile, surprenant, voire inconvenant : « Les Hollandais et les Hollandaises surveillent leurs digues » laisse entendre que ce soin féminin n’était pas attendu. Que l’expression de la mixité soit requise ou souhaitée est à l’appréciation du locuteur (« Les Hollandais et les Hollandaises sont des adeptes de la musculation et partagent les tâches domestiques ») ; elle s’exprime avec les moyens de la langue, principalement par réduplication. »

Bernard Cerquiglini a également présidé le conseil scientifique du thésaurus Le Dictionnaire des francophones. Le linguiste s’intéresse en effet à la francophonie, et notamment à la manière dont elle enrichit la langue française. Pour lui, c’est notamment le cas avec la féminisation des noms de métier et de fonction :

« En février 2019, l’Académie française a finalement considéré que les Québécois, les Belges, les Suisses (et bien des Français!) n’avaient pas tort d’employer les féminins “auteure”, “écrivaine”. Or la féminisation des noms de métier a commencé à la fin des années 1970, au Québec, dans le cadre de la Révolution tranquille. Ce changement linguistique légitime est né en francophonie ; il fut reconnu tardivement par l’organe de prescription en France ».

Ressources
Ressources 

Béquer, Annie. Cerquiglini, Bernard. Cholewka, Nicole. Coutier, Martine.  Frécher, Josette. Mathieu, Marie-Josèphe. Femme, j'écris ton nom… : Guide d'aide à la féminisation des noms de métiers, titres, grades et fonctions. Préface de Lionel Jospin. Paris : INALF/CNRS Éditions. La Documentation française. 1999. 124 pages. 

 

Cerquiglini, Bernard. Le ministre est enceinte. Ou la grande querelle de la féminisation des mots. Paris : Points. 2019 (première édition en 2018), 208 pages.

Cerquiglini, Bernard. Develey, Alice. Interview de Bernard Cerquiglini. « Bernard Cerquiglini : “Le français est un exemple réussi d’unité et de diversité ». Le Figaro. 18 mars 2021. 

Cerquiglini, Bernard. Interview de Bernard Cerquiglini : « “Le Ministre est enceinte”. Bernard Cerquiglini et la grande querelle de la féminisation des noms ». La Grande Librairie. 25 octobre 2018. 


Cerquiglini, Bernard. Tribune. « L’écriture “inclusive”, empreinte d’une louable intention, est une fâcheuse erreur ». Le Monde. 19 avril 2021.

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